Laure GERCE est professeure de mathématiques au lycée Elie Faure à Lormont et Christophe BAUZET, au lycée Nicolas Brémontier à Bordeaux. Ces deux enseignants ont en commun dans leurs services respectifs des classes de seconde, de 1re STMG et de 1re Enseignement de Spécialité : c’était un souhait de leur part afin de mener à bien des projets pédagogiques communs, en termes de progressions, de préparations et de créations d’activités mais aussi d’expérimentations de dispositifs pédagogiques.
Ces témoignages ont été rédigés le 29/03/ 2020, le dispositif mis en place a pu évoluer depuis et pourra continuer à évoluer en fonction de la régulation des pratiques propres aux enseignants ou de celles partagées avec l’équipe pédagogique de leurs établissements d’exercice.
Ces exemples ne constituent pas un modèle à reproduire, mais ils pourront inspirer des collègues confrontés à des situations semblables.
Dispositifs mis en œuvre dans les établissements
Les lycées Brémontier et Elie Faure ont dans un premier temps laissé les équipes choisir des modalités et des outils pour la continuité pédagogique. La transmission de cours et d’exercices aux élèves s’est rapidement mise en place par des canaux variables selon les enseignants et les disciplines : courriel, Pronote, Padlet, dépôts sur des plateformes (drive, dropbox, dokéos,…) et l’ENT Lycée connecté. Une harmonisation des outils se construit progressivement autour de l’ENT et Pronote.
Au lycée Elie Faure, tous les codes d’accès à l’ENT ont été vérifiés le dernier jour de classe. Le lycée Brémontier a organisé le recensement des adresses de messagerie des élèves et une présentation unifiée via Pronote des modalités de mise en œuvre de la continuité pédagogique. Le recours aux classes virtuelles y est désormais encouragé en s’appuyant sur le dispositif « Ma classe à la maison » du CNED.
Pour pallier à la fracture numérique, les deux établissements ont mis en place des prêts d’ordinateurs portables. Au lycée Brémontier, un point de dépôt/retrait de ressources papier sur rendez-vous téléphonique est organisé de façon hebdomadaire. Au lycée Brémontier, 80,1% des élèves se sont connectés au moins une fois entre le 23 et le 27 mars, ils sont 92,6% à s’être connectés depuis le 16 mars. A Elie Faure, une centaine d’élèves seulement ne sont pas du tout connectés à Pronote.
Organisation du travail en mathématiques
Nous avons engagé depuis 3 ans un échange autour de nos pratiques pédagogiques. Dans le contexte actuel, cela s’est avéré encore plus profitable. Cette collaboration permet de partager la charge de travail : les préparations se doivent d’être plus abouties et plus détaillées, afin de tenir compte du fait que l’élève va être amené à travailler en autonomie, ce qui n’est déjà pas une chose facile en temps normal.
Mme Gercé propose un Padlet et M. Bauzet une feuille de route pour le travail hebdomadaire. Les travaux sont postés sur Pronote et envoyés par mail. L’élève les réalise sur son cahier, les prend en photo pour les faire parvenir à l’enseignant. Chaque envoi est valorisé sur Pronote.
Les classes virtuelles (entre deux à quatre fois par semaine), permettent de faire les bilans de ces travaux en faisant participer les élèves, de reconstituer le groupe classe, de « dédramatiser » la situation (notamment face à l’angoisse de « ne pas y arriver » pour certains). Elles rythment l’activité personnelle de l’élève dans la semaine grâce à l’échéancier des moments de rencontre. Si leur nombre peut paraître élevé, nous avons fait le choix d’en limiter la durée à 30 à 40 minutes en raison du fort niveau de concentration requis.
Pendant les classes virtuelles, nous mettons en commun la correction des exercices, discutons des difficultés rencontrées, des méthodes élaborées et réfléchissons ensemble à la trace qu’il convient d’en garder. Mais pour que l’activité soit variée et dynamique, les élèves s’engagent aussi dans des activités de recherche et de découverte orchestrées par l’enseignant, pendant un temps raisonnable (autour de 10 minutes) où des figures de géométrie élaborées grâce à Geogebra, des feuilles de calculs, des programmes en Python peuvent être employées, réalisées grâce au partage d’écran.
Chaque séance est suivie de l’envoi d’un bilan et d’un corrigé détaillé des activités. Des feuilles « Wims » en autonomie sont aussi proposées ainsi que des quiz (« La quizinière ») pour maintenir un travail sur les automatismes.
Nous avons fait le choix de ne pas introduire de notions vraiment nouvelles et complexes : comme notre progression est spiralée, nous abordons des notions dans le prolongement des séquences précédentes :
- en 2de: la fonction carrée et la fonction inverse, qui viennent après les études de signes ;
- en 1re enseignement de spécialité : les suites arithmétiques et géométriques, que l’on fera suivre des variables aléatoires (en place de l’étude de la fonction exponentielle que l’on diffère par rapport à notre progression initiale) ;
- en 1re STMG, les suites arithmétiques suivies des variables aléatoires et des suites géométriques (en place de la dérivation que l’on diffère par rapport à notre progression initiale).
Voici à titre d’exemple :
- le plan de travail de C.Bauzet sur 2 semaines pour sa classe de 2de portant sur les fonctions carré et racine carrée
- le padlet de L.Gercé pour sa 1re STMG récapitulant le travail fait, à faire et les ressources pédagogiques
Bilan des deux premières semaines et perspectives
Nous constatons dans les deux établissements que 10 % des élèves ne se connectent pas et qu’il est difficile d’établir un lien avec certaines familles.
Les élèves que nous retrouvons pendant les classes virtuelles sont très demandeurs : ils réalisent les difficultés à travailler seuls et ces moments de rencontre sont rassurants, notamment en 1re STMG. L’organisation hebdomadaire leur permet de se projeter dans des tâches à accomplir. Les moments de rencontre rythment leur travail et évitent qu’ils ne se laissent submerger.
Il nous apparaît par ailleurs que « l’oralisation » du discours mathématique est très profitable à la construction des capacités (Qu’est-ce que j’ai vraiment compris, qu’est-ce que je suis capable de faire ? Suis-je en mesure de m’engager dans une démarche ?).
Toutefois, une concertation des équipes par classe pourrait permettre de limiter le nombre d’outils utilisés pour ne pas perdre les élèves devant leur diversité, de réfléchir à la quantité de travail et aux modalités de ce qui est attendu pour ne pas les pénaliser, tant il est vrai que, pour certains, le lien avec l’école est parfois ténu.
Classe virtuelle ouverte
Dans le cadre du dispositif Classe virtuelle ouverte, vous pouvez assister à une séance en classe virtuelle de Christophe BAUZET avec ses élèves.
Si vous êtes intéressés, après avoir pris connaissance du fonctionnement du dispositif, vous pouvez lui écrire à l’adresse Christophe.Bauzet@ac-bordeaux.fr.