Témoignages de diffusion d’un cours en présentiel à l’aide de la CV du CNED

Dang-Liem DO, Nathalie LAHORGUE-POULOT et Héléna BERGER sont professeurs de mathématiques respectivement au collège Lubet-Barbon de Saint-Pierre-du-Mont (40), au collège Paul-Emile Victor de Branne (33) et au collège Bourran de Mérignac (33). Dans le cadre de leur enseignement hybride, ils utilisent la classe virtuelle du CNED pour diffuser en direct aux élèves à distance le cours qu’ils donnent en présentiel au reste de la classe. Leurs témoignages diffèrent par l’organisation retenue et les outils utilisés (webcam, casque micro, smartphone, visualiseur, …).

En complément des témoignages ci-dessous, deux solutions techniques utilisant simplement un smartphone et une connexion 3G (sans casque ni webcam) sont proposées par la DANE.

Ces témoignages ont été rédigés le 16 juin 2020, les dispositifs mis en place ont pu évoluer depuis. Ces pratiques ne constituent pas des modèles à reproduire, simplement des exemples qui pourront inspirer des collègues confrontés à des situations semblables.

Témoignage de Dang Liem DO (collège Lubet-Barbon de Saint-Pierre-du-Mont, 40)

Depuis le déconfinement, pour mon enseignement hybride, j’ai choisi de diffuser à mes élèves distants le cours que j’assure en présentiel pour le reste de la classe : ainsi présentiel et distanciel restent liés, je peux donner exactement les mêmes travaux et avancer au même rythme.

J’ai 14 élèves en présentiel et 5-6 en distanciel en 5e, et à peu près le ratio inverse pour mes 3e. J’ajoute, aux deux heures hybrides proposées, une heure de classe virtuelle pour tous (proposée sous forme d’AP avec présence libre pour les 3e), quand les élèves sont tous à la maison. Ainsi, je ne perds quasiment pas d’heures par rapport à un emploi du temps normal.

Pour cela, j’utilise l’équipement suivant :

  • Logiciel: la classe virtuelle du CNED
  • Son: un casque-micro Bluetooth me permet de rester relié à tous les élèves en permanence et de diffuser ma parole en même temps, où que je sois dans la salle.
  • Vidéo: j’ai installé deux écrans, tous deux connectés à la classe virtuelle sous deux comptes différents (tous deux en statut « modérateur »).
    • L’un des mes ordinateurs me permet d’avoir un œil permanent sur les questions et remarques éventuelles des élèves à distance.
    • L’autre ordinateur permet de gérer la diffusion des documents et du tableau blanc : cet ordinateur est positionné sur un support, sur une table à environ 1 mètre du tableau blanc. Je travaille sur une surface au tableau d’environ 2 mètres sur 2 mètres – et cette surface est amplement suffisante à la fois pour que les élèves en présentiel voient ce qui est écrit, et pour que les élèves à distance lisent correctement.

 

En termes de déroulement de cours, j’essaye de garder autant que possible une gestion dynamique. J’utilise d’abord souvent le site MathsMentales.net pour faire du calcul mental avec les élèves. L’option « Partager l’application » de l’outil du CNED permet très bien aux élèves à distance de faire les mêmes calculs en temps limité que les élèves en présentiel.
Lors des activités de découverte, j’essaye de proposer des activités dans lesquelles les élèves à distance peuvent s’impliquer comme les élèves en classe : par exemple, dans un cours de 5e sur les Statistiques où il fallait récupérer des données, j’ai invité tous les élèves à jeter un dé, où qu’ils soient, et j’ai mis en commun tous les résultats (ceux à distance les rentraient dans le tchat).
Puis, que ce soit pour le cours ou les exercices, j’utilise amplement le tableau blanc car celui-ci permet toujours une meilleure réactivité pour répondre aux questions et apporter des explications complémentaires. Quand un élève pose une question à distance, je prends soin de la répéter pour tous. Plus récemment encore, j’ai proposé pour mes 3e un escape-game, où chaque élève en classe était forcément en binôme avec quelqu’un en distanciel. Pour cela, les élèves étaient exceptionnellement autorisés à utiliser leur téléphone portable pour communiquer.

Je m’assure du suivi des élèves à distance en leur demandant très fréquemment un retour, soit par le tchat, soit par l’outil « Sondage » de la classe virtuelle. J’essaye d’appeler les élèves nominativement pour qu’ils répondent aux questions, en préférant la réponse par le tchat, l’utilisation du micro par les élèves est finalement plutôt rare. Il est vrai que, concernant le cours que je demande de recopier à la maison, je ne suis pas en mesure de vérifier que le travail est effectivement fait quand les élèves sont à distance – et cela est d’autant plus vrai pour les élèves qui ne sont pas en mesure de suivre la classe virtuelle pour des raisons matérielles (absence d’ordinateur, mauvaise connexion). Pour ces élèves, le contenu entier du cours est mis sur le cahier de textes, mais rares finalement sont les élèves capables de tout gérer en autonomie, sans classe virtuelle.

Périodiquement, l’utilisation du site « la Quizinière » me permet au minimum de vérifier au moins l’acquisition des connaissances fondamentales d’un chapitre. L’utilisation de ces petits quiz me permet de détecter rapidement quels élèves, visiblement, ne suivent pas du tout le rythme des enseignements pendant le confinement – et il y en a malheureusement quelques-uns. Je reconnais ainsi que les outils numériques permettent de garder le lien avec une très grande majorité d’élèves, mais pas tous.

Vous pouvez consulter le blog de Dang-Liem Do : MathsAMoi.

Témoignage de Nathalie LAHORGUE-POULOT (collège Paul-Emile Victor de Branne, 33)

Organisation initiale de l’enseignement à distance

Pendant le confinement, j’ai proposé aux élèves, à chaque heure de l’emploi du temps, des devoirs (activités, savoirs faire, exercices, problèmes). Pour ne pas les laisser seuls devant ce travail, j’ai utilisé la classe virtuelle du CNED à raison de 2h par semaine, en y associant, pour chaque classe, 4h de travail en mathématiques indiqués sur le cahier de texte.
Environ 75% des élèves (proportion variable selon les classes) suivent la classe virtuelle. Ils utilisent un ordinateur ou le téléphone portable.

Pour les 4e et 3e (mais pas les 6e, trop jeunes), un groupe sur un réseau social grand public qu’ils utilisent tous me permet de communiquer facilement en cas de panne de Pronote ou de mail qui n’arrivent pas, et d’aller chercher en dernière minute les élèves qui oublient l’heure de la classe virtuelle.

Mes classes virtuelles durent entre 30 et 45min. Les supports (cours, questions flash, exercices et problèmes) sont affichés à l’écran via le partage de fichiers PDF. Je propose des activités d’approche de nouvelles notion ou de réactivation de pré-requis, du calcul mental et des questions flash. J’interroge simplement les élèves qui « lèvent le doigt » en déverrouillant leur micro ou, lorsque le micro ne fonctionne pas, via le tchat ou notre groupe sur le réseau social. Je note leurs réponses avec la souris sur l’écran (on pourrait aussi utiliser un visualiseur ou un stylet), puis nous oralisons la trace écrite du cours et résolvons ensemble les exercices-type, pour pouvoir aborder ensuite des exercices ou des problèmes.

A la maison, pour chaque heure de l’emploi du temps, les élèves doivent :

  • Recopier/imprimer leur cours et le compléter, en refaisant les exemples et les exercices-type vus ensemble (à l’aide d’un corrigé)
  • Faire les exercices d’application et d’entraînement différenciés (de difficulté progressive) pour s’approprier les savoir-faire, des résolutions de problèmes.
  • Consulter ensuite la correction de ces exercices sur le cahier de texte. Les exercices qui posent problème seront repris en classe virtuelle.
  • Parfois : réaliser des devoirs-maison, à retourner par mail.

Enseignement hybride, avec diffusion en ligne des cours en présentiel

Depuis le déconfinement, comme tous les élèves ne pouvaient pas venir au collège, j’ai gardé la même organisation et le même emploi du temps : je diffuse simplement mon cours en présentiel en direct pour les élèves à distance, à l’aide de la classe virtuelle du CNED. J’ai une dizaine d’élèves présents en classe et une dizaine d’élèves qui suivent depuis chez eux.

Pour cela, je lance la classe virtuelle depuis l’ordinateur-enseignant de ma salle de classe. J’utilise un casque avec micro pour parler, des enceintes ou le vidéoprojecteur pour entendre la dizaine d’élèves distants, et le vidéoprojecteur pour que les élèves présents voient à l’écran les mêmes supports que les élèves de chez eux.
Je procède de la même façon pour faire le cours : je m’assieds face à mon ordinateur, mais cette fois je suis sur le côté droit de l’écran les élèves chez eux, et en face de moi les élèves en présentiel.

Je profite des moments en présentiel pour montrer aux élèves décrocheurs comment se déroule une classe virtuelle. Je peux circuler, regarder les cahiers des élèves présents et leur apporter des conseils. Les élèves de chez eux pourraient également partager une photo de leur cahier, mais je n’ai pas encore essayé de leur demander.

Dans l’ensemble, je tire un bilan positif de cette organisation, et j’ai eu de bon retours des élèves et des parents. Le groupe classe reste en contact, il garde un rythme de travail et une forme de solidarité.

Je cherche désormais à améliorer mes cours en créant des animations plus ludiques pour les décrocheurs, des QCM pour réduire le temps de correction de certains devoirs, sachant toutefois que la remise des devoirs écrits me semble obligatoire pour travailler la rédaction des raisonnements.

Témoignage de Helena BERGER (collège Bourran de Mérignac, 33)

Je fais tous mes cours (soit 10 heures par semaine) en mode synchrone, en m’adressant à la fois à mes élèves en classe et en diffusant le cours en direct aux élèves à la maison, à l’aide de la classe virtuelle du CNED. Pour cela, j’ai adopté successivement deux organisations matérielles, qui ont chacune leurs avantages.

Après une période de rodage, j’estime être parvenue à une utilisation efficace, qui me permet d’envisager à l’avenir de la réutiliser pour des élèves absents (si leur état de santé leur permet de suivre le cours ainsi).

Organisation 1 : via un téléphone portable

Au début, j’ai commencé à diffuser mon cours via mon téléphone portable en 4G pour le micro et la vidéo, selon le protocole présenté par un collègue sur le site de la DANE.

Selon cette procédure, je me connecte à la classe du CNED sur l’ordinateur de la salle avec statut Modérateur, et une deuxième fois sur mon téléphone en Invité (avant de le passer aussi en Modérateur via le poste de la salle). Ensuite j’installe le téléphone sur une table, avec la caméra dorsale pointée sur le tableau, et je tourne l’écran de l’ordinateur de la salle vers le tableau, ce qui me donne accès à toutes les informations sur une même interface. Le micro de mon téléphone suffit à transmettre ma voix, où que je sois placée au tableau et je peux suivre les demandes d’intervention des élèves distants soit sur l’écran de mon téléphone (si je suis au centre de la classe), soit sur l’ordinateur (si je suis au tableau).

Le document de travail est déposé sur Pronote et projeté au tableau, sur lequel je peux écrire normalement puisque tout est retransmis pour les élèves distants. Je fais intervenir les élèves en classe et chez eux de la même manière : un bip me prévient si un élève distant lève la main, et tous peuvent entendre son intervention. J’écris parfois aux élèves distants sans micro via le tchat, pendant que les autres élèves sont en recherche.

Avec l’habitude, la mise en route et la connexion prennent bien 5 bonnes minutes à chaque fois (un peu plus les premières fois) et, comme je change de salle à chaque heure, cela reste un peu chronophage sur la journée. Voici deux astuces pour gagner un peu de temps :

  • Je me suis mis comme information sur Pronote mes liens Invité et Modérateur, auxquels j’accède rapidement en me connectant sur l’ENT pour l’appel et le contenu du cours.
  • Je ne me déconnecte plus de la classe virtuelle de mon téléphone en passant d’une salle à l’autre.

Il m’est arrivé ponctuellement que la connexion soit saturée depuis mon téléphone : la classe virtuelle perd alors toute efficacité, et devient difficile à gérer. Dans ce cas, je préviens les élèves distants, qui doivent se contenter du document de travail posté sur Pronote, et je laisse tourner la classe virtuelle sur l’ordinateur de la salle pour qu’ils puissent éventuellement utiliser le tchat.

Organisation 2 : avec un visualiseur

Presque toutes les salles de mon collège ont été équipées de visualiseurs dotés de micros et reliés à l’ordinateur, que l’on fait pointer vers le tableau pour diffuser la vidéo : son et vidéo sont pris en comptes directement dès l’allumage par la classe du CNED. Avec cet équipement des salles, je peux désormais gérer la classe virtuelle entièrement depuis l’ordinateur, profitant ainsi de la bonne connexion par fibre optique.

Cette organisation matérielle est beaucoup plus pratique et efficace, et mes collègues sont de plus en plus nombreux à diffuser leurs cours avec cet équipement. Désormais, je n’utilise plus mon téléphone (organisation 1) que dans les quelques salles non équipées de visualiseur.

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