Contexte de transition
Le nouveau programme de mathématiques pour le cycle 3 entre en vigueur à la rentrée 2025, mais progressivement :
- CM1 et 6e : application dès 2025-2026
- CM2 : application à partir de 2026-2027
Cela signifie qu’en 2025-2026 (et encore en 2026-2027, pour les élèves de CM2 ayant suivi l’ancien programme), les professeurs de 6e devront enseigner deux volets nouveaux – les probabilités et l’initiation à la pensée algébrique – à des élèves qui n’y auront pas encore été préparés en CM1 et CM2.
Comment les professeurs de 6e peuvent-ils adapter leur pratique dans ce contexte ?
1. Prendre pleinement en compte la logique de cycle
Même si les élèves n’ont pas encore été formés sur ces contenus au CM1 ou CM2, le programme de 6e n’est pas pensé comme un palier isolé, mais comme la troisième année d’un cycle commun. Dans les premières années de mise en œuvre, cela implique de :
- ne pas présupposer d’acquis antérieurs dans ces domaines,
- intégrer des temps d’introduction sur les notions nouvelles,
- faire évoluer progressivement les pratiques, en s’autorisant à consacrer plus de temps aux notions qui sont nouvelles pour les élèves
- prendre en compte que, à l’inverse, certains points (notamment du domaine Grandeurs et mesures) auront déjà été enseignés aux élèves de 6ème de 2025-2026 et 2026-2027 lorsqu’ils étaient en CM1 et CM2, puisqu’ils auront suivi l’ancien programme de cycle 3. Cela doit donc permettre aux professeurs de collège de gagner un peu de temps dans leur progression.
Exemple : une première séquence sur les probabilités pourra commencer par des activités ludiques ou concrètes (tirages, jeux, expériences simples), sans chercher à aller tout de suite vers des calculs formels. De plus, les situations de dénombrement font aussi partie des résolutions de problèmes de calcul et ne s’ajoutent donc pas à la progression. Les représentations utilisées alors seront reprises ensuite plus rapidement en probabilités.
2. S’appuyer sur les ressources d’accompagnement proposées
Le site Éduscol a publié des documents intitulés « Exemples de mise en œuvre – exemples de réussite », un par année du cycle 3. Ces ressources sont conçues pour :
- proposer des entrées accessibles aux élèves,
- scénariser les notions nouvelles avec des contextes motivants,
et pour les nouveaux domaines ou sous-domaines du programme, elles offrent des pistes d’adaptation progressives aux professeurs de 6ème qui pourront s’inspirer de ce qui peut être fait en CM1 et CM2.
3. Collaborer avec les professeurs des écoles
Dans le cadre des conseils de cycle 3, les enseignants de CM1, CM2 et 6e peuvent :
- anticiper ensemble la progressivité des apprentissages,
- identifier les ponts possibles avec l’ancien programme,
- échanger sur les pratiques et les besoins spécifiques des élèves.
Cette collaboration peut même permettre d’amorcer des notions de manière informelle au CM2, même si elles ne figurent pas explicitement au programme en 2025-2026.
4. Adopter une posture d’exploration et d’ouverture
Pour les deux domaines concernés :
- Les probabilités : l’enjeu n’est pas de formaliser des outils complexes, mais de permettre aux élèves de comprendre la notion d’événement aléatoire, d’estimer des chances, de raisonner en termes de fréquence et de hasard.
- La pensée algébrique : il s’agit surtout d’initier les élèves à une manière de penser, à représenter, verbaliser puis modéliser progressivement une situation par une expression littérale, à raisonner sur l’inconnu, sans attendre une technicité immédiate. On s’appuiera notamment sur la résolution de problèmes de calcul avec des schémas en barres, des situations d’équilibre de balances mais aussi sur des études de suite de motifs évolutifs, modèles important de la pré-algèbre, qui apparaissent dès le cycle 2.
5. Prendre en compte quelques éléments particuliers
- Pendant deux ans, les professeurs de 6ème enseigneront tous les cas d’addition et soustraction de fractions, depuis le cas des fractions de même dénominateur jusqu’à celui des fractions de dénominateurs quelconques, de façon bien progressive et pour des exemples toujours très simples.
- En algèbre, il prendra plusieurs entrées, en particulier les résolutions de problèmes avec la représentation du modèle en barres et les patterns. Les élèves doivent constater les régularités, les structures et sont amenés à beaucoup verbaliser ce qu’ils comprennent dans ces contextes.
- En géométrie plane, les élèves auront peut-être manqué de temps de construction de droites perpendiculaires ou parallèles aussi bien que de raisonnement sur ce sujet. Le professeur de 6ème aura donc la tâche de donner des activités de constructions qui permettront d’observer et manipuler pour faire vivre en particulier la propriété qui dit que si deux droites sont perpendiculaires à la même troisième droite, alors elles sont parallèles. Il devra faire sentir et expliquer la différence entre une définition et une propriété. Aucune démonstration n’est envisagée. Les symboles de perpendicularité, parallélisme, appartenance ou non seront découverts progressivement.
En résumé
Pendant les deux premières années de transition, les enseignants de 6e devront poser les fondations eux-mêmes pour ces nouveaux champs du programme.
C’est une contrainte, mais aussi une opportunité de construire ces notions avec les élèves dès leur première rencontre, en adaptant le rythme et les méthodes.
Pour accompagner les enseignants :
- Des formations spécifiques sont prévues dans le PAF 2025-2026.
- Le format inter-degrés en conseil de cycle 3 est encouragé pour favoriser la continuité pédagogique.
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