Automatismes et représentations de données

Sommaire des traAm 2023/2024 “esprit critique”.

Caractéristiques

• Thématique

Automatismes en classe à l’oral en utilisant comme support des documents authentiques issus de différents médias dans lesquels les graphes sont trompeurs volontairement ou involontairement.

• Problématique

Aujourd’hui, les médias sont omniprésents que ce soit à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Les graphes sont fréquemment utilisés par ces derniers, pour représenter visuellement des données et devraient permettre de rendre les informations plus accessibles et compréhensibles pour le public.

Cette représentation par les graphes peut être pertinente dans un monde où l’information est abondante et où la communication efficace est cruciale, mais elle peut aussi volontairement ou involontairement dévoyer la réalité.

Comment apprendre à interpréter les graphes qui peuvent être trompeurs?

Ces activités mentales, présentées en rituels, ont pour objectif de développer l’esprit critique, en essayant d’apprendre aux élèves à améliorer leur pensée automatique.

• Contenus et objectifs disciplinaires

• Statistiques.
• Représentation de données.
• Pourcentages.

Scénario

Il s’agit ici de proposer aux élèves des documents authentiques de la vie courante et de développer leur esprit critique en interprétant l’information du document et plus précisément le graphique utilisé.

L’objectif est de proposer à plusieurs reprises des activités mentales à l’aide de Plickers et de provoquer un débat et un échange entre élèves.

Le professeur projette les vignettes qui contiennent les graphes.

Les graphes issus de média sont pour certains modifiés (légende effacée par exemple) afin que les élèves ne soient pas influencés par d’autres informations et qu’ils se focalisent seulement sur leur(s) interprétation(s).

Les élèves répondent à l’aide de leur QR Code et leurs réponses sont ensuite dévoilées à l’ensemble de la classe.

Après avoir affiché les réponses des élèves, le professeur pose des questions ouvertes (« Qu’en pensez-vous ? Qui a raison ? Pourquoi ? ») afin de faire naître un débat, un échange.

Le document original est ensuite présenté puis interprété de nouveau par les élèves pour faire un bilan sur l’(les) information(s) transmis(es) et sur les erreurs commises volontairement (ou involontairement) par les diffuseurs.

Le professeur affiche ensuite la vignette suivante et réitère le scénario.

Prolongement : il est également envisageable de demander aux élèves de produire une correction du graphe pour animer une séance d’1h (cf Déroulement de la séance).

Ce type d’activités est présenté en automatisme au début de plusieurs séances.

Voici les vignettes projetées aux élèves lors des séances suivantes :

Les compétences

Compétences du CRCN mis en jeu par les élèves

Domaine 1 : INFORMATION ET DONNÉES

• 1.1 Mener une recherche/ veille d’information.

• 1.3 Traiter des données.

Compétences du CRCN-édu  mobilisées par l’enseignant

Domaine 1 : DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL

• 1.5 Adopter une posture ouverte, critique et réflexive.

Domaine 2 : GESTION DES RESSOURCES NUMÉRIQUES

• 2.1 Sélectionner des ressources.

• 2.2 Concevoir des ressources.

Domaine 3 : ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE AVEC ET PAR LE NUMERIQUE

• 3.1 Concevoir.

• 3.2 Mettre en œuvre.

Domaine 4 : PRENDRE EN COMPTE LA DIVERSITE DES APPRENANTS ET LES RENDRE AUTONOMES

• 4.1 Inclure et rendre accessible.

• 4.3 Engager les apprenants.

Domaine 5 : DEVELOPPEMENT DES COMPETENCES NUMERIQUES DES APPRENANTS

• 5.1 Information et données.

• 5.3 Création de contenu.

Déroulement de la séance

Un focus est réalisé sur la vignette 4.

• Projection de la vignette 4

En automatisme de début de séance, le professeur a projeté la vignette 4 indiquant « l’évolution du taux de grévistes à la SNCF entre le 3 avril et le 4 avril » (d’après le communiqué de presse de la SNCF du 4 Avril 2018) à l’aide d’un graphe (la légende a été volontairement enlevée pour que les élèves se focalisent sur le graphe).

Les élèves, sans débattre, ont utilisé leur QR Code pour répondre au QCM et ont choisi une des réponses parmi la A, B, C ou D.

Après 1 à 2 minutes de réflexion, le professeur a projeté les résultats des élèves :

Le professeur a alors posé une question très ouverte (posture de lâcher prise pour les laisser s’exprimer) : « Qu’en pensez-vous ? »

Un débat est né entre les élèves et le professeur a noté au tableau leurs remarques sous forme de « Brainstorming ».

Voici leurs remarques :

• “Le vert est plus gros que le violet”.
• “On ne peut pas savoir, il manque des chiffres”.
• “A peu près la moitié”.
• “On peut dire « on dirait que »“.
• “On sait juste qu’il y en a moins”.

Après cette dernière remarque, le professeur a relancé le débat en posant comme question un peu plus guidée (posture d’accompagnement) « De quoi sommes-nous sûrs ? »

• “On est sûr qu’il n’a pas augmenté.”

Les élèves se rendent compte qu’ils peuvent seulement affirmer que le taux a diminué mais rien de plus.

Le professeur leur a donc demandé « Que manque-t-il au graphique ? Que pourrions-nous rajouter ?

• “Il manque des pourcentages, des nombres”.
• “On pourrait rajouter des axes”.

Le professeur a profité de ces deux dernières remarques pour leur projeter la version originale de la SCNF.

• Projection de la version originale de la SNCF.

Version originale de la SNCF :

Voici les réactions des élèves :

• On peut en dire plus : il a diminué de 4,2%
• Seulement 4% d’écart environ alors qu’on dirait beaucoup plus.
• La taille du graphique est trompeuse.

Le professeur leur demande donc « Comment pouvons-nous améliorer le graphique ? » et voici les les réponses des élèves :

• Il aurait fallu mettre une échelle.
• Il faut rajouter des axes.
• Il faut que la taille soit proportionnelle au nombre de grévistes.

Après ces dernières remarques, le professeur leur propose de construire leur propre graphique, plus complet pour donner une représentation plus cohérente de l’information que la version initiale projetée.

Les élèves ont eu la possibilité d’utiliser des tableaux blancs, mis à disposition dans la salle, pour mutualiser les recherches entre pairs (graphique, tableau, …).

Voici les travaux des élèves :

Productions qui se rapprochent de la version modifiée de la SNCF.

• Analyse et débat avec les élèves

Le début de la séance suivante a été consacré à la projection des graphiques réalisés par les élèves afin de les analyser et critiquer succinctement afin de faire un bilan.

Les élèves ont été unanimes pour dire que “plusieurs échelles étaient possibles“, “qu’il ne fallait pas oublier les axes et les nommer” et conclure que leurs graphiques étaient plus “parlants” que le premier projeté.

Le professeur leur a demandé d’expliquer ce qu’était un “graphique parlant” pour eux et ils ont répondu : “Un graphique qui nous dit la vérité!”.

• Bilan final

Les élèves ont bien réussi à comprendre qu’il était important de prendre le temps d’analyser toutes les informations qui nous entourent et qui sont transmises par les médias et notamment par les réseaux sociaux.

Ce type d’automatisme doit être proposé régulièrement pour habituer les élèves à inhiber leur pensée automatique et développer leur pensée réfléchie afin d’avoir l’interprétation la plus juste possible de ce que la vie quotidienne leur propose comme informations.

Grâce aux recherches d’Olivier Houdé, Apprendre à résister (Flammarion 2022), nous savons qu’il y a trois systèmes cognitifs. Ces systèmes ont été succinctement expliqués aux élèves en soulignant qu’il était normal que la plupart des personnes soit trompée par la première interprétation d’une information. Il s’agit ici de développer le Système d’inhibition par la ritualisation de l’activité.

Les élèves étaient contents de « faire partie » des personnes qui arrivent désormais à prendre du recul et à critiquer les données qui leur sont présentées.

Il serait intéressant de prendre du temps pour expliquer, succinctement, ce que sont les biais cognitifs. Ici, le graphe de la situation n°1 nous permet de rencontrer le biais d’autorité (la tendance à surévaluer la valeur de l’opinion d’une personne que l’on considère comme ayant une autorité sur un sujet donné), le graphe présenté sur le vignette n° 3 celui du biais de cadrage (l’influence importante que peut avoir la formulation d’une question ou la présentation de la situation). Enfin nous rencontrons également le biais d’ancrage (la tendance à trop nous appuyer sur la première information que nous recevons) sur la vignette n°5.

D’autres situations leur ont été proposées et progressivement les élèves arrivent à répondre de manière plus réfléchie.

Ces activités, en automatismes, permettent de développer des compétences cognitives. Ils sont amenés à prendre des décisions constructives en développant leur capacité à faire des choix responsables. (Ces compétences s’inscrivent dans les compétences psychosociales).

Voici quelques exemples supplémentaires présentés en automatisme et les résultats des élèves qui montrent, qu’au fur et à mesure de la répétition de ce type d’activités, les résultats s’améliorent :

Outils et ressources

• Outils

• Plickers : application en ligne permettant de générer des QCM interactifs.
• Tableaux blancs mis à disposition.

• Ressources