Qu’est-ce qu’un modèle scientifique ? Des caractéristiques du modèle qui importent du point de vue de l’enseignement intégré de science et de technologie par Lena Soler
Le présent article vise à fournir une analyse conceptuelle et épistémologique de la nature et du statut du modèle scientifique, dans la perspective d’un enseignement intégré de science et technologie (EIST) préoccupé de travailler les difficultés notoires qu’ont les élèves à appréhender le lien entre «monde réel» et «représentations scientifiques» (modèles et théories). On prend pourpoint de départ une conception du modèle qui, d’une part, se trouve en harmonie avec un certain nombre d’usages, et apparait pour cette raison acceptable, même si pas universellement acceptée, et qui, d’autre part, s’avère spécialement intéressante du point de vue de l’IEST, notamment vis-à-vis du but de travailler avec les élèves les liens science-réalité. L’analyse de cette conception du modèle se développe à partir d’une double comparaison. D’un côté, comparaison du modèle avec la théorie – d’où ressortent des différences importantes vis-à-vis des relations à la réalité (trois sens de «réalité » étant distingués au cours de la discussion). De l’autre côté, comparaison du modèle et de la modélisation avec les objets techniques et les pratiques technologiques – d’où ressortent cette fois des parentés fondamentales. Sur la base de cette double comparaison, et du réseau des similitudes/ différences mis à jour, est suggéré le principe d’une stratégie didactique susceptible d’aider simultanément les élèves : à penser de manière plus consciente et plus riche les liens des sciences et des technologies au «monde réel» ; à être mieux armés pour accommoder les remises en causes, au fil du cursus scolaire, de ce qui a été antérieurement appris en science ; enfin, à saisir les différences de «logique» qui distinguent pratiques scientifiques (visant une connaissance sur l’objet d’étude) et pratiques technologiques (visant l’obtention de moyens pour atteindre des buts pratiques particuliers). Le résultat se conçoit comme un outil et un point de départ pour l’élaboration de propositions didactiques plus concrètes.
Publié dans Spirale. Revue de recherches en éducation