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Mimétisme à l’échelle moléculaire

Les systèmes mimétiques naturels actuellement connus à l’échelle moléculaire se situent dans un cadre doublement restreint : d’une part, ce sont tous des mimétismes parasitaires, d’autre part, les dupes sont toujours des globules blancs (ou lymphocytes).
Lymphocytes T et B sont les uns et les autre spécialisés dans la reconnaissance préférentielle d’un unique antigène : ou bien une substance émise par les cellules du non-soi, ou bien une substance non-soi apparaissant à la surface des cellules du soi envahies par un virus qui la leur fait fabriquer. Cette reconnaissance se fait grâce aux anticorps.
Un anticorps donné est indétectable dans l’organisme avant l’intrusion qui nécessite son intervention. On ne le détecte que 10 jours à 3 semaines après.

Comment les organismes parasites font-ils pour leurrer nos lymphocytes ?

  • Tout d’abord ils peuvent mimer les motifs moléculaires du « soi » (antigènes du « soi »)de leur hôte et s’en couvrir pour se protéger des anticorps car nos anticorps ne reconnaissent (heureusement) pas nos antigènes (sinon nous détruirions nos propres cellules).

Cette méthode est utilisée par des vers et des bactéries dont les agents de maladies graves comme : distomatoses, trichinoses, salmonelloses, schistosomes, agent de la peste.
Les parasites sont les mimes et les antigènes de l’hôte les modèles. Les dupes sont les lymphocytes qui ne décèlent pas la présence de l’intrus et ne fabriquent pas d’anticorps.

  • Un deuxième technique permet de duper nos lymphocytes : l’habillage d’origine externe.

Certains schistosomes emploient cette technique.
Quand ils pénètrent dans leur victime, ils sont jeunes et induisent la production d’anticorps. A mesure qu’ils grandissent, ils deviennent de moins en moins sensibles à la réaction immunitaire : leur membrane superficielle est constamment renouvelée et fixe en quantité croissante des molécules de l’hôte !!
Elle s’habille de protéines du sang, antigènes etc.
En conséquence de moins en moins d’anticorps la distingue de l’organisme, tout comme le faisait la larve de chrysope à l’échelle de l’organisme.
Le plasmodium, animal unicellulaire agent du paludisme, est également un excellent dupe.
Quand la femelle moustique injecte des plasmodium dans le sang, ceux-ci migrent dans le foie en l’espace de 2 heures. Là, ils se multiplient dans les cellules de l’hôte, puis retournent dans le sang pour y envahir les globules rouges dans lesquels ils se multiplient encore jusqu’à l’éclatement des globules : c’est la crise de palu.
C’est bien sûr quand ils sont dans le sang qu’ils sont les plus vulnérables à nos défenses immunitaires.
Comment font-ils pour ne pas se faire attraper? En fait c’est simple : ils détournent l’attention.
En faisant un lâcher à répétition de leurres, ils détournent les lymphocytes vers de fausses cibles.
Périodiquement, des rangées de protéines superficielles se détachent des cellules parasites et constituent des leurres qui épuisent l’organisme car ils sont attaqués inutilement par les lymphocytes.
En plus, le parasite change régulièrement ses protéines de surface si bien que même lorsque les anticorps sont présents en grand nombre, ils ne sont plus efficaces contre la cible!!

Heureusement, la stratégie du mime n’est pas utilisée que par des parasites : la fabrication de certains médicaments  utilise le même concept pour lutter contre des pathogènes.