Manuel alternatif de méthode vers l’essai en HLP

« METHODE. Ne sert à rien »

Flaubert, Le Dictionnaire des idées reçues

Ce trait cynique flaubertien nous renvoie à la question bien légitime de l’utilité d’enseigner des méthodes pour que les élèves apprennent. Certes, expliciter les démarches mises en œuvre pour écrire est une composante essentielle de l’enseignement et de l’apprentissage : mais encore faudrait-il s’entendre sur ce que pourraient être une ou des méthodes pour enseigner l’écriture, en particulier celle de l’essai. Les essayistes, de Montaigne à Simone de Beauvoir, de La Bruyère à Virginia Woolf, de Madame de Staël à Pascal Quignard, donneraient-ils des indications convergentes à un apprenti-écrivain ?

La notion de méthode, en écriture, fait songer à une suite d’étapes à respecter, du brouillon vers la rédaction définitive : analyse du sujet et problématisation, recherche d’arguments et d’exemples, élaboration d’un plan détaillé, rédaction d’une introduction, puis passage sur la copie pour rédiger le reste du devoir. Cette conception étapiste, qui peut bien convenir à certains élèves, se révèle pourtant insuffisante, voire défaillante pour d’autres, d’une part parce que les élèves n’ont pas tous le même profil, d’autre part parce que l’essai relève d’une forme libre, parce que l’essai est une prose argumentative souple dont les chemins peuvent tout aussi bien se dessiner dans l’écriture même qui participe, comme processus, à son élaboration. N’oublions pas de surcroît que le temps bref de l’épreuve – deux heures environ étant consacrées à l’exercice – impose de rédiger rapidement, de se concentrer sur l’inventio plutôt que sur la dispositio, traditionnellement au centre de la « méthode ».

Voici donc plusieurs propositions de démarches, de situations, d’activités, conçues et expérimentées par des professeurs-formateurs dans des groupes de spécialité Humanités, littérature et philosophie, en classes de Première et de Terminale : elles ouvrent des chemins divers aux élèves pour pratiquer l’écriture argumentative, en lien avec les textes et œuvres lus, articulant réception subjective, connaissances, réflexion personnelle et pratiques d’écriture, en sollicitant parfois des dispositifs collaboratifs. L’écriture, sous des formes et des formats divers, participe à la constitution d’une bibliothèque intérieure, construisant des liens entre les œuvres et les textes rencontrés autour de questions qu’ils suscitent, dans la perspective des objets d’étude des programmes. Au sein de la compétence d’écriture, ces démarches favorisent plus particulièrement d’une part la pertinence, d’autre part la complétude : la réitération, dans des approches multiples, de pratiques d’écriture vise ainsi à faire progresser les élèves écrivains qui se saisissent de l’écriture pour apprendre, pour penser, pour exprimer leur sensibilité et leur réflexion personnelle, nourries de littérature.

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