Anatomie de l’Affiche rouge, A. Wieviorka

Anatomie de l’affiche rouge, Annette Wieviorka, Edition Seuil, Collection Libelle, 2024, 60p

Après avoir signé, avec des intellectuels et des descendants de résistants étrangers communistes, membres des FTP-MOI assassinés en 1944, une lettre ouverte dans Le Monde le 24 novembre 2023, critiquant le choix de leur rendre hommage en ne faisant entrer au Panthéon que l’un d’entre eux, Missak Manouchian et son épouse Mélinée, Annette Wieviorka, dans cet essai, précise sa position et le contexte historique de l’affiche rouge.

Elle revient sur l’histoire de cette affiche, complétée par un tract et un fascicule, largement distribués. Elle revient également sur la fabrication du « mythe » Manouchian et précise comment la chanson de Léo Ferré, en reprenant le poème d’Aragon a sorti de l’oubli le sacrifice des hommes. Seulement elle explique que c’est la légende construite par le poète que l’on retient et non la véritable histoire. L’émouvante proposition de Arthur Teboul avec son groupe Feu !Chatterton, lors de la cérémonie républicaine de panthéonisation du 21 février dernier, elle aussi largement diffusée et peut-être demain utilisée dans les classes, doit être abordée avec la même vigilance de contextualisation.

En complément de la lecture de cet essai, vous pouvez visionner la Grande Librairie du 14 février 2024 dont les invitées étaient, entre autres, Annette Wieviorka pour le livre dont il est question dans cette note et Michelle Perrot pour S’engager en historienne. Dans la même veine, 28 minutes, émission de Arte du 31 janvier 2024 consacre une dizaine de minutes de rapide biographie suivie d’un échange avec l’historienne.

En conclusion, cet essai est certes relativement bref mais très dense et permet une clarification de l’objet historique qu’est l’affiche rouge tout en soumettant à notre réflexion la prise de position d’Annette Wieviorka concernant la panthéonisation du 21 février dernier, résumée par ses propos : « on peut se demander si la légende et le mythe n’ont pas définitivement triomphé de l’histoire ».