Enseignant à la fois en Lycée et en Collège, comme la plupart des professeurs d'éducation musicale, il nous est apparu intéressant de pouvoir profiter du travail d'analyse effectué avec les lycéens pour aborder les mêmes œuvres avec les collégiens. Il est habituel de rechercher pour ces derniers des auditions "pédagogiques", limitant parfois le choix.
Nous avons cherché des moyens de proposer l'écoute de l'Opus 10 d'Anton Webern à des élèves de quatrième.
L'œuvre est extrêmement courte (5 minutes). Elle regroupe cinq pièces de forme et d'instrumentation différentes.( Pour une analyse complète, on se reportera à notre fiche pédagogique réalisée pour le Baccalauréat.)
La troisième pièce nous a semblé la plus facile à percevoir tant du point de vue de l'oreille que du point de vue de la forme. Nous avons donc cherché un moyen de sensibiliser les élèves à ce style musical qui leur est totalement étranger.
Nous proposons l'ordre d'écoute suivant : III, IV, I, II, V. Le travail d'imprégnation se fera à partir de la pièce n°3, qui occupe donc la place centrale et qui servira de point de repère à l'audition de l'œuvre.
Rapport d'une expérience menée en classe de Quatrième : Afin de faciliter la phase d'imprégnation, nous avons écrit à la manière de Webern, une pièce intitulée "Etrange". (cliquer ici pour charger ou écouter cette pièce). Ce morceau, composé pour un instrumentarium courant : flûte à bec, métallophones, claves, piano, son de synthétiseur, a été conçu pour être interprété aisément par des élèves :
La phrase jouée à la flûte comporte les douze sons. La structure de la pièce est plus ou moins calquée sur celle de Webern. Il s'agit d'une forme ABA'.
La notion de klangfarbenmélodie (mélodie de timbres) est difficilement perceptible si l'on fait jouer la mélodie seulement par les flûtes à bec soprano. Il est possible de faire jouer la phrase B par des flûtes alto. Une autre solution peut être de demander à des élèves instrumentistes d'apporter leur instrument pour varier les timbres.
La pièce nº3 est caractérisée par une mélodie en valeurs longues, "accompagnée" par un mouvement régulier pendule, métronome ...).
Il s'agit d'une forme tripartite, ABA',
la partie B n'étant constituée que de 2 mesures dans lesquelles la clarinette "prend la parole".
violon (mes. 1), cor (mes. 3), trombone (mes. 8).
Il nous apparaît logique de poursuivre l'audition par la Pièce nº4, dont la mélodie est tout à fait perceptible.
Ce mouvement étant très court (6 mesures), on pourra faire le même exercice que précédemment en écrivant la Klangfarbenmelodie et en
déterminant les instruments : mandoline, trompette, trombone, violon.
Il peut être utile d'utiliser des couleurs différentes dans la notation des différents fragments.
La perception des pièces apparaissant plus complexe, nous avons délibérément choisi de ne pas en faire une écoute détaillée. À la suite du travail d'imprégnation sur les pièces III et IV, nous avons fait écouter l'œuvre entière.
Nous avons rappelé les différents paramètres du son en mettant l'accent sur le timbre. Il est possible de faire des rapprochements avec les Arts plastiques
en comparant le timbre à la couleur.
Certains tableaux n'ont un sens que par la couleur et non par le dessin. Ce sont les contrastes de couleurs qui créent les lignes et la forme.
Dans l'Opus 10, c'est bien le paramètre timbre qui est à la base de la composition et l'on peut comparer cette oeuvre à un Kaléidoscope sonore.
Pièce n°3 Structure A B A' |
La mélodie de timbres est jouée par : | ||
A | B Rythmique | A' | |
. . . . . . / . . . . . . | Clarinette, Mandoline, Harpe, Violon | . . . . . . . . . . . . |
L'accompagnement ressemble à un mouvement de pendule.
Les notes et le rythme répétés constituent un Ostinato.
Il est joué par la guitare, la mandoline, la harpe, le célesta et les cloches.
A | ![]() |
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B | ![]() |
A' | ![]() |