Comment aborder la thématique de l’énergie?

Comment aborder la thématique de l’énergie?

Avant propos
Ce dossier Energie et développement durable est le fruit du travail collaboratif du groupe pluridisciplinaire des  professeurs formateurs  EDD de l’académie de Bordeaux.
Il offre des informations institutionnelles et scientifiques sur le sujet qui permettent de mesurer les enjeux de la question, notamment en ce qui concerne la région Aquitaine. Il propose également une documentation journalistique, des fiches et dossiers réalisés par les formateurs et ouvre des pistes de travail didactiques et pédagogiques.

La problématique des énergies en Aquitaine

Comme toutes les sociétés humaines, les sociétés aquitaines se sont, avant la Révolution industrielle,  appuyées pour leurs activités de production et de consommations sur des formes d’énergie pour l’essentiel renouvelables. Le roi Henri IV, déjà, se définissait  comme le « meunier de Barbaste ». Le vent ou l’eau des moulins que l’on restaure aujourd’hui, le bois des forêts pyrénéennes, périgourdines et landaises constituaient les énergies d’hier, associées aux sources d’énergie humaine et animale.  La 1ère Révolution industrielle tarda, mais la 2nde vit la mise en valeur hydroélectrique des Pyrénées et des grands cours d’eau, ce qui favorisa l’électrification précoce des voies ferrées de la région. Puis virent le pétrole de Parentis, le gaz de Lacq, offerts au pays en pleine expansion. Le temps du nucléaire suivit avec les centrales de Golfech et du Blayais.
L’Aquitaine du début du XXIème siècle cherche l’énergie de demain : éolien, photovoltaïque, géothermie, force des courants et des marées, énergies tirées des activités agricoles… Les possibilités et potentialités  régionales sont multiples. L’Aquitaine s’interroge également sur sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique et à la préservation de ses milieux.

Quelques données sur la situation énergétique en Aquitaine

La production d’énergie en Aquitaine est issue majoritairement de l’électricité  avec 67 % du total, et principalement de la filière nucléaire qui contribue pour 9/10 à la production électrique aquitaine.  Le restant de la production d’énergie provient de la production de chaleur, soit 33 % du total, dont la plus grande partie est issue de chaleur renouvelable (28 points sur 33).
Pour ce qui concerne la consommation finale d’énergie, elle résulte pour :
  • 62 % des énergies fossiles (produits pétroliers pour les 2/3, gaz naturel pour 1/3),
  • 22 % de l’électricité
  • 12 % du bois-énergie, part deux fois plus importante dans notre région qu’au niveau national.
Les énergies renouvelables représentent 16 % de la consommation finale d’énergie.
L’essentiel de l’énergie consommée en 2008 (source : SOES)  est le fait du bâtiment (résidentiel et tertiaire) pour 4/10 du total, puis des transports (28%) et de l’industrie (27%).
Ces quelques données montrent que l’Aquitaine est soumise aux mêmes enjeux énergétiques que la France et doit réduire sa dépendance envers les énergies fossiles. Elles témoignent aussi des potentialités de notre région, indiquant les pistes à suivre pour s’orienter vers davantage d’énergies renouvelables. Dans ce domaine, la Région Aquitaine s’est fixée pour objectif de parvenir à 23 % de la consommation énergétique issue du renouvelable en 2020, sachant qu’actuellement celle-ci avoisine les 16%.
En Aquitaine,  la production d’énergie renouvelable résulte pour 8/10ème de la filière bois-énergie qui présente un bon potentiel de développement futur du fait des massifs forestiers locaux.  D’autres sources d’énergie renouvelable semblent également propices, telles que l’énergie solaire, le bon ensoleillement de l’Aquitaine lui ayant permis en 2011 de produire 11% de l’électricité photovoltaïque française, ou l’énergie éolienne avec 1655 communes de la région classées comme territoire favorable. Il en va de même pour la production de méthane qui cumule les avantages puisque cette énergie renouvelable s’alimente de déchets fermentescibles, produit des matières organiques fertilisantes utiles dans une région à vocation agricole,  enfin est compatible avec le système existant développé pour le gaz naturel. Mineure pour l’instant, l’exploitation de la géothermie pourrait s’intensifier car le sous-sol aquitain dispose d’eaux avec des températures et des qualités chimiques favorables. Les potentialités locales en énergie renouvelable ne sont donc pas négligeables mais leur développement suppose des investissements orientés vers ces filières d’avenir et la construction d’une politique régionale coordonnée. L’élaboration du Schéma régional climat air énergie Aquitaine (SRCAE) vise à répondre à ce besoin (http://www.srcae-aquitaine.fr/public/).
La production de gaz à effets de serre résulte pour les trois quarts de la consommation d’énergie, le restant provenant des émissions d’origine agricole (fertilisation des cultures et élevage). L’Aquitaine produit 32 millions de tonnes d’équivalent CO² par an, l’objectif du Défi climat Aquitaine pour 2010-2014 étant d’obtenir une diminution de 10 %  de ce volume de GES. La contribution de l’industrie aux émissions de GES est beaucoup plus faible en Aquitaine qu’au niveau national (pratiquement 3 fois moindre), du fait d’une moindre industrialisation dans la région,   tandis que celle des transports est plus forte avec 38% en Aquitaine contre 27 % en France.
Plusieurs études sur le changement climatique en Aquitaine constatent une élévation moyenne des températures (+1 degré en un siècle) avec accélération depuis les années 1980, ainsi qu’une hausse du niveau des eaux de l’estuaire de la Gironde de 20 centimètres durant le XXème siècle. Les projections futures laissent penser que la température moyenne de l’air pourrait augmenter de 3° à 4° d’ici 2100, avec une multiplication des périodes caniculaires et de leur intensité, une hausse de température de 2° pour les eaux de surface dans l’estuaire entre 1960 et 2040, une baisse des précipitations estivales. A noter que l’Aquitaine est également un territoire exposé à d’autres aléas climatiques : incendies, inondations, tempêtes,  notamment sur la façade atlantique.

La problématique de l’énergie pour demain

Quelles énergies en 2050 ?  Conférence de Bernadette Merenne-Schoumaker, professeure de Géographie à l’Université de Liège (Belgique) :